Un truc de malade
Oui, un truc de malade, de dingue, de ouf vient de se produire. On est en février - en hiver donc – et il fait froid. Cerise glacée sur l'omelette norvégienne… il a neigé. C’est beau, ça fait rêver… mais pas tout le monde.
Heureusement qu’il a neigé, sinon de quoi Jean-Pierre Pernaud parlerait-il dans son JT de 13 H ? De la problématique du mal logement ? De la non candidature du président-candidat Sarkozy ? De la fuite radioactive de la centrale de Civaux ? Du énième plan d’austérité en Grèce ?
Depuis une semaine, l’info chaude c’est le froid, la neige et son sempiternel cliché fashion du “blanc manteau“ qui recouvre le pays. Températures record, circulation perturbée, bus scolaires au garage, toile froissée, que du gnangnan de circonstance assorti d’images elles aussi de circonstances.
Et puis, par ci par là, quelques évocations sporadiques de ces pauvres gens, mal logés ou pas logés du tout, qui « subissent le froid de plein fouet ». Normalement, ce genre d’événement fait le bonheur du candidat en campagne. Encore plus celui du président en non campagne qui cavale après une opinion favorable et pour qui, ne pas laisser ses “chers compatriotes“ crever dans la rue, relève du devoir régalien.
Aparté : il est où le « zéro SDF dans les rues d’ici 2 ans » de la campagne sarkozyenne de 2007 ? Une promesse, soit dit en passant, également faite par Jospin en 2002… Un partout, la balle au centre !
Alors qu’ils sont tous très prompts à rebondir sur le moindre événement, qui pour en faire un argument de campagne, qui pour légiférer sur la champs afin de grappiller quelques points d’opinion favorable, le silence est assourdissant et le froid glacial sur la question du mal logement en cette pré campagne polaire. Et ce constat : il vaut mieux, aujourd’hui, être chômeur que SDF. Une usine ferme ou est menacée de délocalisation, ils débarquent tous par charters entiers pour compatir avant de proposer des solutions. Lejaby vient d’être sauvé par LVMH sur un coup de fil de Sarko, tant mieux pour eux et tant pis pour les Conti (et tous les autres) qui n’ont pas eu la chance de connaître leurs problèmes en période électorale.
Elections ou pas, campagne ou pas, c’est une constante : les mal et les pas logés ne sont pas vendeurs. Visiter un centre d’hébergement d’urgence par – 10 °C et proclamer qu’on va mettre un toit sur la tête de tous ces pouilleux avec chiens, de toutes ces faignasses alcooliques et guérir ce cancer de la société, ça ne doit pas être assez glamour pour passer au JT et pas assez populaire pour mériter une loi.
On s’en fout, il neige, c’est beau, ça fait rêver les enfants et ça procure une bonne excuse pour ne pas aller au boulot. Enfin, pour ceux qui en ont un !