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Bons baisers d'ici, de là et d'ailleurs

Bons baisers d'ici, de là et d'ailleurs
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8 mai 2012

Shaka Ponk : A écouter d’urgence !

Gros coup de cœur pour le groupe Shaka Ponk et son électro-rock métissé. Un truc survitaminé à prescrire quand la mauvaise routine s’installe.

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Cinq musiciens, une chanteuse qui envoie du gros bois et un singe virtuel lubrique, c’est Shaka Ponk, le groupe français qui a sauvé les dernières “Victoires de la musique“ de la léthargie. Quand un tel groupe émerge et fait le buzz on s’empresse de dire que voilà, ça y est, le renouveau du rock français est annoncé. Sauf que SHK PNK s’inscrit dans la continuité d’une scène rock hexagonale bien présente et bien marquée, créative et décomplexée. Il suffit d’être curieux et écouter autre chose que NRJ pour débusquer les pépites.

Mais ne nous leurrons pas. Shaka Ponk, qui existe depuis 12 ans, a du s’exporter à Berlin pour émerger, trouver un producteur, un label et ses premiers vrais concerts. En France, Radio Neo et Ouïe FM poussent le groupe sur la bande FM alternative et en 2010 plus personne n’ignore le talent scénique de Shaka Ponk après leur passage aux Victoires.

Pourquoi j’adore Shaka Ponk ? Parce que leur musique est bourrée d’une énergie positive, parce que leurs paroles sont très sensées, parce que de Berlin ils ont saisi le meilleur et l’insufflent dans leurs lyrics : respect de l’autre, de l’environnement, conscience générale, cosmopolitisme. Leur musique est parfaitement insaisissable, impossible à ranger dans une case ou bien à dispatcher dans plusieurs : hip-hop, électro, rock, punk, métal, funk… Idem pour la langue avec de perpétuels grands écarts entre anglais, espagnol, espéranto et parfois français.

De toute manière, un groupe qui a le bon goût d’inviter Bertrand Cantat pour un titre (Palabra mi amor) sur son dernier album (The Geeks and the Jerkin' Socks) ne peut pas être mauvais.

Plus efficace que mon blabla pour vous convaincre de l’intérêt qu’il y a à tendre l’oreille à Shaka Ponk, ici deux liens vers deux vidéos.

L’indispensable Palabra mi amor et My name is stain qu’on commence à entendre en radio. Et puis, il y a la sublime Samaha Sam…

Enjoy !

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1 mars 2012

Hier, c’était Leap day

Les années bissextiles, le 29 février c’est “leap day“ dans le monde anglo-saxon. Un jour spécial, riche de légendes et de traditions toujours en vigueur.

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Leap Day, soit,  le jour du saut. Un jour pas comme les autres que certaines femmes anglo-saxonnes attendent avec impatience tous les quatre ans. C’est, en effet, le seul jour où elles sont autorisées à demander leur partenaire en mariage.

Evidemment, ce n’est que tradition d’un autre temps, les femmes modernes n’hésitant plus à déclarer leur flamme à tout moment, sans attendre le jour consacré.

Mais les anglo-saxons sont très attachés aux traditions qui leur offrent de bonnes occasions pour des fêtes ou célébrations décalées.

La tradition du Leap Day vient d’Irlande et remonte au Ve siècle. Selon la légende, Sainte Brigitte s’est un jour plainte à Saint Patrick du fait que ce sont toujours les hommes qui demandent les femmes en mariage, et que, même pétries d’amour et le démontrant ostensiblement, elle doivent attendre que monsieur fasse sa déclaration. Saint Patrick convint du grotesque de la situation et décida d’accorder aux femmes la faveur de la déclaration en mariage… le 29 février, soit tous les quatre ans.

Une autre légende, anglaise celle-là, dit que la loi anglaise ne reconnaissant pas le 29 février comme jour légal, les anglaises le choisirent pour inverser les rôles et en profiter pour demander leur amoureux en mariage. A noter que l’inversement des rôles s’arrête à cette déclaration.

Quand une femme fait sa déclaration le Leap Day l’homme n’a pas intérêt à faire le mariole, ça risque de lui coûter cher, au sens propre du terme. S’il refuse la proposition, il acquitter une amende auprès de l’éconduite, qui se négocie soit par l’achat d’une robe, soit en espèces sonnantes et trébuchantes. Dans certains autres pays, le refus était sanctionné par l’achat de douze paires de gants (une par mois de l’année) afin que la femme puisse cacher ses mains et son embarras de ne pas pouvoir afficher une bague de fiançailles.

Tout cela peut paraître bien anecdotique, mais hier, on n’entendait parler que de ça sur certains canaux de la BBC.



28 février 2012

De la vraie fonction de la bière

On s’imagine que la plupart des gens boivent de la bière juste pour passer le temps, pour faire quelque chose de leurs mains pendant qu’ils parlent. Il y en a d’autres qui écluseraient des litres de binouze pour entretenir la tuyauterie, des reins à la prostate en passant par… Vous m’avez compris. Il y a aussi ceux qui en boivent pour oublier qu'ils sont alcooliques.

D’autres encore en torchent des hectolitres les jours de match parce que, mine de rien, même télévisé, le sport ça déshydrate sévèrement et il ne faut pas jouer avec ça.

Mais la vraie fonction de la bière, je l’ai trouvée en Angleterre avec cette vieille publicité qui, d'ailleurs, me rappelle une blague de Coluche du même tonneau. Légère comme la mousse de la bière, donc…


Beer

27 février 2012

Spécial copinage : La BD, c'est le bagne

Stéphane Blanco et Laurent Perrin viennent de sortir leur première BD. “Aux îles, point de salut“, ça s’appelle. Une belle aventure à plusieurs niveaux. Et je ne vous en parle pas seulement parce que Stéphane est un poto de longue date et Laurent un mec adorable, bourré de talent.

 salut

Le hasard fait parfois bien les choses, dit-on. Là, il les a sacrément bien faites. Il a permis la rencontre de Stéphane Blanco, prof de maths/cerfs-voliste et de Laurent Perrin, tailleur de pierre, musicien et dessinateur. Les deux habitent Melle (79), l’un est venu chez l’autre pour un petit job à propos d’une fenêtre. C’est autour d’une bière, lors d’un conciliabule de chantier que les deux se sont découvert la même envie de BD. Stéphane a un scénario dans les tiroirs, Laurent une grosse envie de dessins en cases.

Blanco dit banco, Perrin n’en pense pas moins.

Commence le travail conjoint autour d’une histoire qui commence à l’île de Ré, ça se termine aux îles du Salut, en Guyane. Une histoire en partie vraie, en partie vécue, très documentée, tout juste romancée. Une histoire qui parle du bagne, du jamais fait encore dans l’univers de la BD.

Et puis, une autre rencontre fortuite vient tout remettre en question. A Niort, Stéphane fait la connaissance de Paulette, fille et femme de gardien du bagne. Elle a passé trente-cinq ans de sa vie en Guyane et raconte à Stéphane une autre vision de la vie au bagne. Du vécu on ne peut plus… vécu.

Alors que Laurent planche sur les planches, Stéphane re scénarise son scénario.

De l’histoire de Paulette, de ses lectures sur le bagne et de sa connaissance de la Guyane où il a enseigné cinq ans durant, Stéphane tire une belle histoire fort émouvante, que Laurent met superbement en images et en couleurs.

Il leur faudra un an et demi pour trouver l’éditeur qui publiera le premier des trois tomes prévus. Ce sera Caraïbéditions, un contact positif décroché au festival de la BD d’Angoulême en 2010. Affaire conclue, “Aux îles, point de salut“ est sorti le 17 décembre 2011, juste avant Noël. Très bon timing !

Maintenant que la fièvre de la BD les a gagnée, il va être difficile d’arrêter ces deux là. Tant mieux et tant pis pour tous ces éditeurs qui ont snobé leur bébé quand ils leur ont présenté.

A découvrir de toute urgence et à acheter dans toutes les bonnes crêmeries.


27 février 2012

Aytré réclame les mêmes faveurs

Alors que Châtelaillon, Yves, et maintenant Fouras, voient leurs zones noires levées, Aytré et Angoulins, qui ont, elles aussi, beaucoup souffert du passage de la tempête Xynthia restent empêtrées dans des situations inextricables. La colère de Suzanne Tallard, maire PS d’Aytré, est de la même couleur que la zone qu’elle devra encore se coltiner quelques temps : noire ! Entretien…

 

Inondations Aytré

 Aytré et sa rue de la plage ont été sévèrement touchées par la tempête Xynthia

On fête le deuxième anniversaire du passage de la tempête Xynthia. Vos voisins voient leurs zones noires levées, mais pas vous à Aytré…

Suzanne Tallard : C’est un profond sentiment d’injustice qui se perpétue à Aytré qui a été très frappée. Les zones noires sont révisées ailleurs, mais pas à Aytré. Ceci dit, j’ai quand même la lucidité de voir que la situation n’est pas la même, mais il y a des problèmes qui demeurent qui ne sont pas traités. Ce que je remarque, c’est que le député Léonard défend avec beaucoup d’acharnement ses dossiers, c’est-à-dire Châtelaillon, Yves, Fouras et l’île d’Aix, mais oublie qu’il est député d’une circonscription sur laquelle plusieurs communes ont été sinistrées. Dans cette affaire, je demande le même acharnement, la même détermination.

 

N’y a t-il pas eu contact entre vous et lui, n’avez-vous pas travaillé ensembles sur le dossier de vos zones noires ?

Suzanne Tallard : Pour se justifier, monsieur Léonard dit des contre vérités ou des perfidies. L’une est de dire qu’il m’a proposé de rejoindre son PAPI* et qu’il attendrait toujours ma réponse, ce qui est faux. Il a lancé son PAPI en menant son élaboration à marche forcée parce qu’il savait très bien que les premiers dossiers déposés auraient plus de chance d’obtenir les financements de l’Etat, qui sont très importants, pour les protections du littoral. 40 % de financement, c’est pas rien ! Et comme il est membre de la Commission nationale de labellisation des PAPI, il est très bien placé pour être très bien servi.

Au cours de l’été 2011, alors que le PAPI de Châtelaillon et Yves était très avancé, il m’a invité à venir le voir pour me dire qu’il serait bien que je fasse un PAPI avec Angoulins. Il se trouve qu’à ce moment-là, la CdA de La Rochelle avait décidé de lancer une étude PAPI sur tout son littoral, de Charron à Angoulins. Cette invitation à ce que Aytré fasse son PAPI c’était vraiment pour se prémunir d’éventuelles futures critiques.

 

Vous avez parlé de perfidie…

Suzanne Tallard : Oui, il a dit que j’étais partie en vacances aux Etats-Unis juste après la tempête. Or, Monsieur Léonard sait très bien que je suis partie un mois après la tempête, et que je ne partais pas en vacances, mais rejoindre ma fille pour des raisons familiales. Donc la polémique continue…

 

En quoi la situation d’Aytré est-elle différente de celles de Châtelaillon, Yves ou Fouras ?

Suzanne Tallard : A Aytré, il y a des dossiers qui ne sont pas traités. Par exemple, vous savez que la plupart des maisons en zone noire ont été vendues à l’Etat par leurs propriétaires. Mais il y a, entre ces maisons, des terrains nus qui ont été achetés par des gens qui souhaitaient faire construire. Or, ces terrains devenus inconstructibles ne seront pas indemnisés par l’Etat. On a donc des propriétaires qui remboursent des prêts pour des terrains dont ils ne feront rien. Ils voient, de par et d’autre, des maisons achetées à bon prix par l’Etat - et ça, personne ne s’en plaindra car ça a permis à des gens de se reloger dans de bonnes conditions – et que leur terrain reste en attente. Moi, je suis dans l’incapacité de leur racheter ces terrains au prix du terrain à bâtir. Monsieur Léonard, que j’interroge depuis des mois sur ce sujet, m’a dit qu’il n’y a rien à faire, que l’Etat ne veut pas mettre le doigt dans cet engrenage.


 C’est un dossier très politique ?

Suzanne Tallard : Dans ce genre de situation, tout est toujours politique. Mais là, à cause des élections prochaines ça prend une tout autre tournure et ça devient politicien. Et je fais une très grande différence entre le politique et le politicien.


Votre situation est, en conséquence, inextricable ?

Suzanne Tallard : J’ai mis l’avocat de la commune en contact avec ces propriétaires de terrains pour voir s’ils ont envie de réagir collectivement ou individuellement. Il y en a qui vont très très mal ! J’ai aussi interrogé la préfère à ce sujet. Elle dit qu’en suivant le dispositif Barnier, il n’y a aucun espoir, mais qu’il pourrait y avoir une autre porte à ouvrir et qu’elle allait s’y employer.

 

C’est le deuxième anniversaire de Xynthia. Allez-vous marquer le coup ? Si oui, comment ?

Suzanne Tallard : Le jour anniversaire de la tempête, je vais déposer en préfecture une lettre demandant à l’Etat de nous indemniser de toutes les sommes que nous avons perdues suite à la décision de la zone noire.

 

 * PAPI : Programmes d'Actions de Prévention des Inondations


Tag maison Aytré


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27 février 2012

Petits cadeaux entre amis

Qui, du président-candidat ou du candidat-président est venu aux Boucholeurs mardi 21 février ? Les deux mon capitaine, tant il a été difficile de faire le tri dans les déclarations de l’un et de l’autre. Après son départ, Châtelaillon avait la banane, tandis que la voisine Aytré l’avait plutôt saumâtre. L’une pourra rebondir deux ans après la tempête Xynthia, l’autre restera empêtrée dans sa zone noire. L’une vote UMP, l’autre PS. L’une a un maire (encore) du bon côté du manche, l’autre pas. CQFD !


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Enorme bain de foule pour Nicolas Sarkozy, suivi comme son ombre par les élus locaux.    © J.-P. B.

C’est une quasi visite-surprise que Nicolas Sarkozy a effectué en Charente-Maritime, mardi 21 février, annoncée la veille pour le lendemain. En ce jour de Mardi-Gras, quel costume avait-il endossé ? Celui du président ou du candidat ?

Officiellement, c’est le candidat qui s’est rendu d’abord à Aytré pour une visite à Alstom, avant de faire un attendu et populaire passage par le village des Boucholeurs, sinistré par la tempête Xynthia, voici bientôt deux ans. La preuve, ce n’est pas la préfecture qui gérait les accréditations presse, mais l’UMP.

Pour Ségolène Royal, qui tenait une (malicieuse) conférence de presse à La Rochelle en même temps que Nicolas Sarkozy faisait la sienne à Aytré, il ne faisait aucun doute que c’était bien le président-candidat qui était là, surfant à des fins électoralistes la vague de ce qui fonctionne bien. Là où l’on est sûr de se faire accueillir en ami, plutôt que se prendre des boulons sur la tête ou des “casse toi pauv’…“ dans la tronche.

Chez Alstom, le bon accueil était garanti et devant les médias, ça fait toujours bon effet. Surtout quand on est en campagne. Promise à la casse en 2004, la société a été sauvée par le ministre de l’économie d’alors, aujourd’hui Président de la République, ceci expliquant cela… Ségolène Royal aurait préféré une visite aux Fonderies du Poitou où 480 emplois restent menacés, et qu’y soit faite une annonce “type Lejaby“ après un coup de fil salvateur à un ami du Fouquet’s.

Wanted coup de pouce

Quant à la visite aux Boucholeurs, elle arrivait à point nommé, juste après que le député UMP Jean-Louis Léonard a annoncé, à la barbe de la préfète, la levée de la zone noire sur Fouras. Ce, alors que la ville voisine d’Aytré, où Nicolas Sarkozy était quelques heures plus tôt, demeure empêtrée dans sa zone dite de solidarité, avec d’abracadabrantesques situations foncières. Suzanne Tallard, maire d’Aytré présente aux Boucholeurs, l’affichait plutôt saumâtre et quelques pancartes rappelaient qu’Aytré avait elle aussi besoin d’un coup de pouce… même si la municipalité ne roule pas à droite.

S’il en est deux qui étaient plutôt aux anges, c’est bien Jean-Louis Léonard, député-maire de Châtelaillon et Didier Roblin, maire d’Yves, qui se partagent le village des Boucholeurs. Le Président venant rarement les mains vides quand il est aussi candidat, il a offert aux deux maires le “chaînon manquant“ au renouveau du village.

Jean-Louis Léonard : « Je voulais démontrer au Président Sarkozy l’aberration de la démolition des maisons. Il a bien compris que dans un tissu comme celui-ci détruire systématiquement des maisons n’avait pas de sens. Il l’a compris et a accepté que certaines puissent être conservées pour faire des commerces. C’est vraiment le maillon qui nous manquait. Nous avons aujourd’hui un plan de protection qui est validé par l’Etat, qui est financé et nous avons toutes les raisons de penser que ce village va revivre. »  Il est question de l’installation d’une boulangerie, d’un petit restaurant de fruits de mer, d’un magasin d’articles de plage…

Reste à savoir si la promesse de ce “chaînon manquant“ émane du Président qui, au lendemain de la catastrophe, avait pourtant annoncé qu’aucune maison touchée par Xynthia ne serait plus jamais habitée ou du candidat qui n’hésite pas à se contredire pour un coup de boost dans les sondages.

 

Jean-Philippe BEQUET.

 

Voir l'album photo de la venue du Président-candidat dans la colonne ci-contre, à gauche.

 

17 février 2012

And the winner is…

Il y a les César, les Oscar, les Molière, les Gérard, les prix orange et citron… Distinctions en tout genre qui viennent récompenser les tops et les flops. Et puis, il y a les points Godwin. Un charentais-maritime s’est même distingué dans cette catégorie.

 

MikeGodwin   Mike Godwin, créateur de la loi éponyme qui tâcle les dérapages verbaux des orateurs publics

 

Bravo au député martiniquais Serge Letchimy qui, en accusant Claude Guéant de « porter une idéologie qui a donné naissance aux camps de concentration » vient d’inscrire son nom à la (trop longue) liste des détenteurs de points Godwin.

Bravo, parce que sa sortie permet de remettre un coup de projecteur sur cette distinction non dénuée de sens. 

Deux mots d’histoire et rétablissement de la distinction dans son acceptation originelle.

Au départ est un certain Mike Godwin, avocat américain qui, en 1990, a énoncé une loi à laquelle il a donné son nom : la loi Godwin.

Travaillant spécifiquement sur les échanges sur le réseau Usenet, puis sur Internet, notre avocat a découvert que « Plus une discussion en ligne dure longtemps, plus la probabilité d'y trouver une comparaison impliquant les nazis ou Adolf Hitler s'approche de 1. » Après les débats sur Usenet et Internet, la loi a été appliquée au débat oral et public en général.

Initialement, il était question d’atteindre le point Godwin, cet état de la discussion où, à bout d’arguments, l’un des orateurs n’a d’autre recours qu’évoquer l’extrême, en l’occurrence l’idéologie nazie et son grand gourou Hitler. Quand on en vient à évoquer ces thèmes extrêmes, c’est un signe évident de l’échec de la discussion, plus rien de pertinent n’en sortira. Le débat s’arrête, on a alors atteint le point Godwin de la discussion.

Avec le temps, l’état de fait s’est transformé en distinction. Le point Godwin est devenu les points Godwin, attribués à tous ceux qui, dans leurs interventions publiques, franchissent la ligne rouge.

Dernier épinglé en date donc, Serge Letchimy avec ce que l’on sait, prononcé dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale mardi 7 février dernier.

Le tableau d’honneur des points Godwin est riche d’hommes et de femmes, pour la plupart des politiciens, de droite comme de gauche, qui, intentionnellement ou non, ont vérifié la loi de Godwin.

Une galerie de champion

Parmi tous ces champions, un charentais-maritime : Jean-François Douard, maire DVD de Lagord. C’était le 14 février 2010, en pleine campagne des cantonales, lors d’un meeting organisé pour booster la candidature de Dominique Bussereau. Critiquant la « méthode Royal » avec laquelle est présidé le Conseil régional Poitou-Charentes, l’élu a eu cette mémorable saillie : « Elle dirige de façon dictatoriale. C'est une dictature du prolétariat certes, mais c'est quand même une dictature. Je vous rappelle que le nazisme était aussi une dictature du prolétariat. » Et bing… un point Godwin ! Sans compter les réactions que ces mots mal choisis ont suscité. Entre autres, celle de Benoît Hamon, à l’époque porte-parole du PS, qui a qualifié  de "crétin" l'élu DVD de Lagord : « Faut-il que les mots aient perdu leur sens, c'est un crétin celui qui a dit ça », s'est-il exclamé  lors du point de presse hebdomadaire du PS.

Notons également la gêne de Dominique Bussereau, présent lors de la déclaration de J.-F. Douard  qui déclarera : « C'est un excellent maire... Sur le plan politique... C'est une autre génération, un autre langage. » Chacun son langage, effectivement, puisque quelques heures auparavant le même candidat aux cantonales qualifiait de Harkis les centristes ralliés à Ségolène Royal. Si ça ne valait pas un point Godwin, ça aussi…

Notre champion charentais-maritime est en bonne compagnie au Panthéon des collectionneurs de points Godwin.

On y trouve, au hasard :

Laurent Wauquiez (ministre de l'Enseignement supérieur) qui, le 3 décembre 2011, pour justifier le fait de défendre prioritairement les classes moyennes, à dit : « En Allemagne, la République de Weimar est tombée et ensuite on a filé le témoin à Hitler, parce qu'on ne s'est pas occupé des classes moyennes. »

• Dans la famille Le Pen, la fille à propos des prières de musulmans dans la rue : « Je suis désolée, mais pour ceux qui aiment parler de la seconde guerre mondiale, s'il s'agit de parler d'occupation, on pourrait en parler pour le coup. »

Nadine Morano (UMP - Secrétaire d'Etat chargée de la Famille ), le 6 juillet 2010, au sujet des révélations du site Mediapart dans l'affaire Bettencourt : « Ce sont des méthodes des années 30, avec des sites Internet qui utilisent des méthodes fascistes. »

Pierre Moscovici (député PS), le 19 septembre 2010, évoquant la politique du gouvernement à l'égard des Roms : « On est actuellement dans un climat très pourri, très Vichy. »

Philippe Lavaud (maire PS d'Angoulême), le 10 février 2010, au sujet d'une certaine jeunesse dorée de l'UMP : « Si nous étions pendant la seconde guerre mondiale, elle ferait partie des Jeunesses hitlériennes. »

Et celui qui est considéré comme le Godwin d’or du quinquénat Sarkozy, le point attribué à Christian Estrosi, alors ministre chargé de l'Industrie qui, justifiant le débat sur l'identité nationale, a lancé le 7 décembre 2009 : « Si, à la veille du second conflit mondial, le peuple allemand avait entrepris de s’interroger sur ce qui fonde l’identité allemande (...), alors peut-être aurions-nous évité l’atroce et douloureux naufrage de la civilisation européenne. »

Même la première dame de France a dérapé. C’était le 13 février 2008 à propos d'un article du Nouvel Obs.com évoquant un SMS de Nicolas Sarkozy à son ex, Cécilia : « À travers son site Internet, Le Nouvel Observateur a fait son entrée dans la presse people. Si ce genre de sites avait existé pendant la guerre, qu'en aurait-il été des dénonciations de juifs ? »

Vu la tournure que prend la campagne des présidentielles 2012 depuis que Nicolas Sarkozy est passé du statut de président-candidat à celui de candidat-président, les points Godwin ne vont certainement pas manquer de pleuvoir et le point Godwin souvent atteint.

 

Voir la déclaration de Jean-François Douard en vidéo (Cliquez ici)

Dominique Bussereau et les Harkis (Cliquez là)

 

12 février 2012

Un truc de malade

Oui, un truc de malade, de dingue, de ouf vient de se produire. On est en février - en hiver donc – et il fait froid. Cerise glacée sur l'omelette norvégienne… il a neigé. C’est beau, ça fait rêver… mais pas tout le monde.


Un truc de malade

 

Heureusement qu’il a neigé, sinon de quoi Jean-Pierre Pernaud parlerait-il dans son JT de 13 H ? De la problématique du mal logement ? De la non candidature du président-candidat Sarkozy ? De la fuite radioactive de la centrale de Civaux ? Du énième plan d’austérité en Grèce ?

Depuis une semaine, l’info chaude c’est le froid, la neige et son sempiternel cliché fashion du “blanc manteau“ qui recouvre le pays. Températures record, circulation perturbée, bus scolaires au garage, toile froissée, que du gnangnan de circonstance assorti d’images elles aussi de circonstances.

Et puis, par ci par là, quelques évocations sporadiques de ces pauvres gens, mal logés ou pas logés du tout, qui « subissent le froid de plein fouet ». Normalement, ce genre d’événement fait le bonheur du candidat en campagne. Encore plus celui du président en non campagne qui cavale après une opinion favorable et pour qui, ne pas laisser ses “chers compatriotes“ crever dans la rue, relève du devoir régalien.

Aparté : il est où le « zéro SDF dans les rues d’ici 2 ans » de la campagne sarkozyenne de 2007 ? Une promesse, soit dit en passant, également faite par Jospin en 2002… Un partout, la balle au centre !

Alors qu’ils sont tous très prompts à rebondir sur le moindre événement, qui pour en faire un argument de campagne, qui pour légiférer sur la champs afin de grappiller quelques points d’opinion favorable, le silence est assourdissant et le froid glacial sur la question du mal logement en cette pré campagne polaire. Et ce constat : il vaut mieux, aujourd’hui, être chômeur que SDF. Une usine ferme ou est menacée de délocalisation, ils débarquent tous par charters entiers pour compatir avant de proposer des solutions. Lejaby vient d’être sauvé par LVMH sur un coup de fil de Sarko, tant mieux pour eux et tant pis pour les Conti (et tous les autres) qui n’ont pas eu la chance de connaître leurs problèmes en période électorale.

Elections ou pas, campagne ou pas, c’est une constante : les mal et les pas logés ne sont pas vendeurs. Visiter un centre d’hébergement d’urgence par – 10 °C et proclamer qu’on va mettre un toit sur la tête de tous ces pouilleux avec chiens, de toutes ces faignasses  alcooliques et guérir ce cancer de la société, ça ne doit pas être assez glamour pour passer au JT et pas assez populaire pour mériter une loi.

On s’en fout, il neige, c’est beau, ça fait rêver les enfants et ça procure une bonne excuse pour ne pas aller au boulot. Enfin, pour ceux qui en ont un !


10 février 2012

Fou amoureux de sa Saintonge

Michel le Jardinier, alias Michel Lis, que des générations de jardiniers amateurs ou avertis ont écouté sur les ondes de France Inter a bouclé la boucle. Il est de retour dans la Saintonge qu’il chérit tant, à Saintes, où sous ses fenêtres coule le fleuve Charente. Rencontre avec un homme aussi passionnée que passionnant à la moustache toujours verte.

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Michel Lis dans son antre, son bureau au fond du jardin (© J.-Ph. B.)

« La véritable terre natale n’est pas celle où l’on est né, mais celle où l’on a joué enfant ». Michel Lis aime les citations, les dictons, les adages, les formules et avec celle-ci il justifie, comme si besoin était, ses attaches saintongeaises. « Saintes, c’est là où j’ai joué enfant, ce qui veut dire que je me sens pleinement saintongeais. Les fiefs de la famille c’était L’Eguille, Le Gua, et mon père a été maire de Royan. J’ai donc été complètement élevé à la mamelle saintongeaise. » Une preuve supplémentaire de sa qualité saintongeaise : il a vu le rayon vert ! Et ici tout le monde le sait : « On n’est pas saintongeais tant que l’on a pas vu le rayon vert. » Combien de paires d’yeux se sont usées sur l’horizon à la recherche de ce rayon qui apparaît au soleil couchant quand certaines conditions combinées de météo et de luminosité sont réunies.

Voilà pour les attaches. Pour l’amour immodéré qu’il porte au territoire, Michel Lis est tout aussi intarissable. « Pour moi, c’est simple, c’est le plus beau pays du monde. Un pays qui a des huîtres, des melons, du cognac et du pineau, ne peut pas être tout à fait mauvais. »

Et ne parlons pas de la lumière de Saintonge. Plutôt si, parlons-en… « Elle est unique au monde. Savez-vous qu’au XVIIe siècle, les peintres hollandais envoyaient leurs élèves sur la côte de beauté pour copier les ciels car ils sont merveilleux. »

Il voyage dans son jardin

 Après une carrière de reporter à Paris-Match, l’Equipe, Le Parisien Libéré, Télé 7 Jours, Michel Lis est touché par d’importants problèmes de santé qui l’obligent à mettre un trait sur les voyages. Contraint à rester chez à la maison, celui qui a appris à marcher  « en semant [ses] premiers radis dans le jardin de [son] grand-père, à Pamproux ! » découvre qu’il voyage tout autant en faisant le tour de son jardin que dans ses précédents reportages. « Le mimosa de l’île d’Oléron vient d’Australie, le camélia du Japon, les rhododendrons et la glycine de Chine, la tomate et la capucine du Pérou, le dahlia du Mexique, le géranium d’Afrique du Sud… Toutes les plantes du jardin invitent à un tour du monde. »

Même s’il prend plaisir à voyager dans son jardin, ce travailleur notoire remet le pied à l’étrier de la presse par le biais de la radio. En 1972, Eve Ruggieri  qui officie alors sur France Inter, cherche une idée originale pour animer ses matinales du week-end. « C’était la grande époque de l’engouement pour les résidences secondaires, alors je lui ait proposé de donner des conseils sur le jardin. Et c’est parti comme ça ! Je suis resté 30 ans sur France Inter. » De là, Michel Lis est passé sur France Info quand la chaîne a démarré, où il teintait ses chroniques de géopolitique, s’ingéniant à rattacher son savoir des plantes à l’actualité du moment. « En 1985, la télévision est venue me chercher et j’ai démarré Télé Matin, avec William Leymergie, où j’ai tenu une chronique de jardinage chaque matin pendant quinze ans. »

Las de la vie parisienne, lui qui brandit la liberté en étendard, s’installe une douzaine d’années en Provence, à Grasse, « au milieu des oliviers » au pays de son épouse. Hasard des patronymes, lui, le Lis épouse une Lys, fille d’un garagiste de Royan. L’union de ces deux fleurs dure depuis 55 ans.

 Son jardin extraordinaire

Mais les soucis de santé revenant, Moustache Verte comme l’appelait Eve Ruggieri, n’a pu résister à l’appel du pays. « J’ai acheté cette maison sur les bords de la Charente, j’ai créé mon jardin dans un jardin existant, en multipliant des petits coins secrets, les endroits d’ombre et de soleil, mais sans potager car ma santé ne me le permet plus. »

Malgré cette foutue santé qui lui joue des tours, l’homme à la main verte est loin d’être revenu terres saintongeaises pour s’y déclarer à la retraite. Toujours très attaché au service public radiophonique, le voilà recruté par France Bleue La Rochelle où, chaque samedi de 11 h à midi, il tient une chronique consacrée…  au jardin. Auteur prolixe, il poursuit son œuvre d’évangélisation des masses vertes avec des ouvrages toujours très pratiques et empreints de bon sens paysan.

Grand admirateur des auteurs saintongeais, il est partie prenante dans la célébration en grandes pompes du soixantième anniversaire de la mort de Goulebenèze. « Il est mort le 30 janvier  1953 et nous venons de monter un Comité Goulebenèze pour faire de 2012 “l’année Goulebenèze“. Nous effectuerons, entre autres, le transfert de sa statue, qui est pour l’instant dans un jardin privé, dans le jardin public de Saintes. Tout le monde pourra ainsi venir admirer celui qu’on appelait le Voltaire saintongeais. Trois hommes ont veillé sa dépouille : Bénurat, Charly Grenon et mon père qui, à ce moment-là, a dit : “C’est un flambeau qui s’éteint“. »

Pour l’heure, Michel Lis met la touche finale à son prochain opus titré “Ma Saintonge d’ici est d’ailleurs“ qui paraîtra le 20 mars, jour du printemps, aux Nouvelles éditions Bordessoules. « Ce sera une suite d’anecdotes, de souvenirs personnels où l’on apprendra comment j’ai eu l’occasion, enfant, de dormir avec le futur député de Saintes, comment ma mère a volé les plantes de la gare de Saintes pour les envoyer à Londres pendant la guerre. »

Le personnage est truculent et passionné, à la fois tendre et bourru, comme un tonton gâteau jamais avare de partager son savoir. C’est pour cela que la Société nationale d’horticulture lui décernera sa grande médaille le 16 février prochain au lycée horticole de Saintes, à l’occasion d’un, colloque sur le thème du jardin d’hier et d’aujourd’hui. Une récompense qu’il accepte, évidemment avec grand plaisir, mais non sans dire avec malice : « Vous savez, quand on commence à vous donner des médailles, c’est que vous avez fait votre temps. »

Les récents ouvrages de Michel Lis : Mes saisons en Saintonge (Editions Bonne Anse). Le moustaches vertes, agenda perpétuel du jardin (Geste Editions). Le carnet de bord du jardinier (Geste Editions).


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Sentez-moi cette bonne odeur de citron… (© J.-Ph. B.)



 

9 février 2012

Des balcons sur la mer

Ils sont indissociables des paysages du littoral charentais-maritime et indispensables à son identité. Et pourtant, les carrelets font aujourd’hui figure de chef d’œuvre en péril. Les tempêtes successives ont procédé à un sévère écrémage des moins solides que leurs propriétaires hésitent à reconstruire. Du coup, les touristes lorgnent sur ces balcons sur la mer, quitte à les détourner de leur vocation initiale.


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 Image carte-postale du littoral charentais-maritime avec ses indispensables carrelets (© J.-Ph. B.)


Les carrelets seraient-ils devenus le comble du chic ? Force est de reconnaître que les carrelets ne sont plus ce qu’ils étaient. A l’origine, ces cabanes posées sur des pontons branlants, équipées d’un grand filet carré, faisaient le bonheur des petites gens. Au sortir de la guerre, ils permettaient d’améliorer l’ordinaire quand la nourriture était rare et chère. Plus tard, les retraités y trouvaient le moyen d’occuper leur temps libre et, là aussi, de compléter leur ration.

Aujourd’hui, on négocie ferme pour acheter ces emplacements uniques, avec vue imprenable sur la mer. Les prix atteignent des sommets et le cadre légal est parfois… oublié. Car malgré leur aspect branlant et leurs jambes de guingois, les carrelets relèvent d’une législation bien cadrée avec laquelle il n’est plus possible de s’accommoder.

450 carrelets détruits par la tempête de 99

Ancrés sur le domaine public maritime, l’emplacement des carrelets relève de la DDTM (Direction départementale des territoires et de la mer), l’ex DDE. Chaque propriétaire loue son emplacement (300 € par an, payable en début d’année), libre à lui, ensuite, de construire son carrelet à ses frais.

« Jusqu’à la tempête de 99, les subdivisions maritimes de la DDE n’étaient pas très intéressées par la gestion des carrelets. On faisait ce qu’on voulait et la commune n’était pas tenue d’être mise au courant des transactions. On signalait juste aux services de l’Etat qui avait l’emplacement. Le principal était que la redevance soit payée,» explique Jean-Louis Martin, président de l’association “Carrelets Charentais“ qui fait autorité dans le département. “Pas très intéressée“ dans le sens où la DDE n’était pas très regardante sur les transactions concernant les emplacements des carrelets. « Un jour, elle voyait arriver un type qui disait que c’était lui qui, désormais, reprenait l’emplacement de monsieur untel et elle faisait juste le transfert de nom. »

Il s’était alors établi une sorte de marché noir dans lequel tout le monde y trouvait son compte.

Ça, c’était avant la tempête de décembre 1999.

À cette époque, beaucoup de carrelets étaient en mauvais état, c’est pourquoi la tempête a fait une véritable razzia. Le soir du 28 décembre 1999, sur les 500 carrelets recensés par l’association, 450 étaient passés de l’état de construction à celui de Mikado. La quasi totalité !

La décision a alors été prise de reconstruire les 450 carrelets manquants, mais pas plus. Conseil général, Région et Etat (dans le care du plan Etat/Région) ont mis la main à la poche pour aider à la reconstruction de ce patrimoine départemental et, petit à petit, le littoral a retrouvé sa physionomie initiale.

« On est revenu à ce chiffre de 500, et c’est là que la surenchère a commencé » déclare Jean-Louis Martin.

Après la tempête de 1999, un marché s’ouvrait. Malgré les aides, beaucoup de propriétaires n’ont pas eu les moyens de reconstruire leur carrelet détruit (coût moyen 25 000 €), c’est alors que la valse du rachat des emplacements a commencé. « Des coups de fil ont mis la puce à l’oreille de la DDE, qui demandaient combien coûte un emplacement de carrelet. » C’est là que le marché parallèle s’est révélé. « Des habitudes étaient prises depuis de longues années et il y avait même surenchère. C’était à qui proposerait le plus. Des carrelets bien placés se vendaient à des prix incroyables. Sur l’île Madame,il y en a un qui s’est vendu 40 000 €. Et il n’était pas en excellent état. »

L’Etat fait du ménage administratif

Et par là-dessus est venue Xynthia, fin février 2010.

La razzia a été moins rude qu’en 1999. Une centaine, “seulement“, de carrelets ont été détruit. La différence, c’est que cette fois, ni l’Etat, ni la Région n’ont abondé pour leur reconstruction. Seul le Conseil général a débloqué des fonds, une contribution à hauteur de 10 % du coût de la reconstruction (avec un plafond de 1 500 €). Autant dire que ce n’était là qu’une larme dans l’océan.

Après Xynthia, Jean-Louis Martin a demandé à Dominique Bussereau que les carrelets soient inscrits au patrimoine charentais. Ce à quoi le président du Conseil général s’est déclaré favorable. « Ça permettrait d’avoir des aides systématiques en cas de nouvelle catastrophe », plaide Jean-Louis Martin.

La tempête aura au moins permis aux services de l’Etat d’opérer un grand ménage administratif. Finis les petits arrangements entre amis, la valse des emplacements à des prix extravagants. Depuis le 1er janvier 2011, une commission au sein de laquelle siègent la DDTM, France Domaines (qui perçoit la redevance) et l’association a maintenant l’œil sur toutes les transactions. Quand un propriétaire souhaite vendre son carrelet, il en informe la DDTM qui publie alors un avis d’emplacement disponible placardé en mairie. « Qui veut prendre un emplacement et acheter un carrelet doit se mettre sur une liste d’attente. On met l’acheteur en contact avec le vendeur. S’ils se mettent d’accord, tant mieux, sinon on fait la même chose avec le second sur la liste, et ainsi de suite », explique Jean-Louis Martin.

A ces principes de gestion, l’association a ajouté des prescriptions techniques relatives à la construction et à l’entretien des pontons, des mesures mises au point avec l’architecte des bâtiments de France et destinées à ne plus voir des équipements branlants, dangereux et susceptibles d’être détruits au moindre coup de vent ou de mer.

Le rustique, c’est chic

Ce cadrage administratif est-il trop strict au point de démotiver les propriétaires de carrelets ? Peut-être puisque pour les 100 pontons détruits par Xynthia, l’association n’a, pour l’heure, reçu que trois demandes de reconstruction. « J’ai peur qu’on ne retrouve pas les 100 carrelets détruits. Ou alors c’est des gens qui prendront les emplacements pour reconstruire des carrelets résidence secondaire. Je constate une mutation chez les propriétaires de carrelets. Le carrelet est devenu chic et ça m’emmerde un peu. Avant, c’était le plaisir du petit retraité ou des petites gens. Maintenant, vu le coût de la reconstruction et de l’entretien, avoir un carrelet est presque plus cher que faire du golf, » se lamente Jean-Louis Martin. Rappelons que la construction d’un carrelet va chercher dans les 20 000 à 30 000 euros.

Les 97 propriétaires qui n’ont pas fait de demande de reconstruction ont deux ans pour se décider. Magnanime, la DDTM leur a accordé une année de moratoire sans redevance, mais il faudra qu’en 2013 au plus tard le carrelet soit reconstruit. Sinon, ces propriétaires devront abandonner leur emplacement qui sera attribué à un autre.

Petit à petit, au fil des reprises, le carrelet s’éloigne donc de sa vocation première. On y vient pour le week-end, entre amis, on y fait la fête, on pavane dans ce rustique chic. Ce qui n’est pas sans poser problème. « Il y a quelques temps, on a eu des soucis sur les parcs à huîtres de l’île Madame qui ont été contaminés par des coliformes fécaux. Tout de suite, le président de la section conchylicole a désigné les carrelets. Ben oui, devinez où partent les excréments quand on passe le week-end sur un carrelet ? »

La preuve que le carrelet est devenu chic, l’artiste peintre Richard Texier a fait le forcing pour construire un carrelet sur l’île de Ré. « Il a fait des pieds et des mains auprès des politiques du département et de ses connaissances pour faire construire un carrelet sur l’île de Ré. Ce qui lui a été refusé malgré son influence et ses connaissances. Du coup, il en a fait un à Aytré, énorme, c’est sa résidence secondaire sur le coin. Là-bas, il a déposé un permis de construire qui a été accepté. »

Bien qu’il ait participé à l’élaboration des prescriptions techniques de construction des carrelets, Jean-Louis Martin se prend parfois à regretter l’époque où ils étaient fait de bric et de broc. « C’est dommage dans un sens parce que les carrelets d’avant qui étaient fait de matériaux de récupération, de tôle, qui étaient tout tordus, avaient un charme. Maintenant il y a une certaine standardisation. Mais ils sont plus solides. »

 

Contact. Association “Carrelets Charentais“. Siège social : Mairie. Square Guy Rivière. 17730 Port-des-Barques. Tél. : 05 46 84 85 39. Courriel : president@carrelets-charentais.com

 

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La tempête Xynthia a touché 200 carrelets et en a complètement détruit 100. (© J.-Ph. B.)

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