Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Bons baisers d'ici, de là et d'ailleurs
Bons baisers d'ici, de là et d'ailleurs
Archives
Derniers commentaires
10 février 2012

Fou amoureux de sa Saintonge

Michel le Jardinier, alias Michel Lis, que des générations de jardiniers amateurs ou avertis ont écouté sur les ondes de France Inter a bouclé la boucle. Il est de retour dans la Saintonge qu’il chérit tant, à Saintes, où sous ses fenêtres coule le fleuve Charente. Rencontre avec un homme aussi passionnée que passionnant à la moustache toujours verte.

IMG_1130

Michel Lis dans son antre, son bureau au fond du jardin (© J.-Ph. B.)

« La véritable terre natale n’est pas celle où l’on est né, mais celle où l’on a joué enfant ». Michel Lis aime les citations, les dictons, les adages, les formules et avec celle-ci il justifie, comme si besoin était, ses attaches saintongeaises. « Saintes, c’est là où j’ai joué enfant, ce qui veut dire que je me sens pleinement saintongeais. Les fiefs de la famille c’était L’Eguille, Le Gua, et mon père a été maire de Royan. J’ai donc été complètement élevé à la mamelle saintongeaise. » Une preuve supplémentaire de sa qualité saintongeaise : il a vu le rayon vert ! Et ici tout le monde le sait : « On n’est pas saintongeais tant que l’on a pas vu le rayon vert. » Combien de paires d’yeux se sont usées sur l’horizon à la recherche de ce rayon qui apparaît au soleil couchant quand certaines conditions combinées de météo et de luminosité sont réunies.

Voilà pour les attaches. Pour l’amour immodéré qu’il porte au territoire, Michel Lis est tout aussi intarissable. « Pour moi, c’est simple, c’est le plus beau pays du monde. Un pays qui a des huîtres, des melons, du cognac et du pineau, ne peut pas être tout à fait mauvais. »

Et ne parlons pas de la lumière de Saintonge. Plutôt si, parlons-en… « Elle est unique au monde. Savez-vous qu’au XVIIe siècle, les peintres hollandais envoyaient leurs élèves sur la côte de beauté pour copier les ciels car ils sont merveilleux. »

Il voyage dans son jardin

 Après une carrière de reporter à Paris-Match, l’Equipe, Le Parisien Libéré, Télé 7 Jours, Michel Lis est touché par d’importants problèmes de santé qui l’obligent à mettre un trait sur les voyages. Contraint à rester chez à la maison, celui qui a appris à marcher  « en semant [ses] premiers radis dans le jardin de [son] grand-père, à Pamproux ! » découvre qu’il voyage tout autant en faisant le tour de son jardin que dans ses précédents reportages. « Le mimosa de l’île d’Oléron vient d’Australie, le camélia du Japon, les rhododendrons et la glycine de Chine, la tomate et la capucine du Pérou, le dahlia du Mexique, le géranium d’Afrique du Sud… Toutes les plantes du jardin invitent à un tour du monde. »

Même s’il prend plaisir à voyager dans son jardin, ce travailleur notoire remet le pied à l’étrier de la presse par le biais de la radio. En 1972, Eve Ruggieri  qui officie alors sur France Inter, cherche une idée originale pour animer ses matinales du week-end. « C’était la grande époque de l’engouement pour les résidences secondaires, alors je lui ait proposé de donner des conseils sur le jardin. Et c’est parti comme ça ! Je suis resté 30 ans sur France Inter. » De là, Michel Lis est passé sur France Info quand la chaîne a démarré, où il teintait ses chroniques de géopolitique, s’ingéniant à rattacher son savoir des plantes à l’actualité du moment. « En 1985, la télévision est venue me chercher et j’ai démarré Télé Matin, avec William Leymergie, où j’ai tenu une chronique de jardinage chaque matin pendant quinze ans. »

Las de la vie parisienne, lui qui brandit la liberté en étendard, s’installe une douzaine d’années en Provence, à Grasse, « au milieu des oliviers » au pays de son épouse. Hasard des patronymes, lui, le Lis épouse une Lys, fille d’un garagiste de Royan. L’union de ces deux fleurs dure depuis 55 ans.

 Son jardin extraordinaire

Mais les soucis de santé revenant, Moustache Verte comme l’appelait Eve Ruggieri, n’a pu résister à l’appel du pays. « J’ai acheté cette maison sur les bords de la Charente, j’ai créé mon jardin dans un jardin existant, en multipliant des petits coins secrets, les endroits d’ombre et de soleil, mais sans potager car ma santé ne me le permet plus. »

Malgré cette foutue santé qui lui joue des tours, l’homme à la main verte est loin d’être revenu terres saintongeaises pour s’y déclarer à la retraite. Toujours très attaché au service public radiophonique, le voilà recruté par France Bleue La Rochelle où, chaque samedi de 11 h à midi, il tient une chronique consacrée…  au jardin. Auteur prolixe, il poursuit son œuvre d’évangélisation des masses vertes avec des ouvrages toujours très pratiques et empreints de bon sens paysan.

Grand admirateur des auteurs saintongeais, il est partie prenante dans la célébration en grandes pompes du soixantième anniversaire de la mort de Goulebenèze. « Il est mort le 30 janvier  1953 et nous venons de monter un Comité Goulebenèze pour faire de 2012 “l’année Goulebenèze“. Nous effectuerons, entre autres, le transfert de sa statue, qui est pour l’instant dans un jardin privé, dans le jardin public de Saintes. Tout le monde pourra ainsi venir admirer celui qu’on appelait le Voltaire saintongeais. Trois hommes ont veillé sa dépouille : Bénurat, Charly Grenon et mon père qui, à ce moment-là, a dit : “C’est un flambeau qui s’éteint“. »

Pour l’heure, Michel Lis met la touche finale à son prochain opus titré “Ma Saintonge d’ici est d’ailleurs“ qui paraîtra le 20 mars, jour du printemps, aux Nouvelles éditions Bordessoules. « Ce sera une suite d’anecdotes, de souvenirs personnels où l’on apprendra comment j’ai eu l’occasion, enfant, de dormir avec le futur député de Saintes, comment ma mère a volé les plantes de la gare de Saintes pour les envoyer à Londres pendant la guerre. »

Le personnage est truculent et passionné, à la fois tendre et bourru, comme un tonton gâteau jamais avare de partager son savoir. C’est pour cela que la Société nationale d’horticulture lui décernera sa grande médaille le 16 février prochain au lycée horticole de Saintes, à l’occasion d’un, colloque sur le thème du jardin d’hier et d’aujourd’hui. Une récompense qu’il accepte, évidemment avec grand plaisir, mais non sans dire avec malice : « Vous savez, quand on commence à vous donner des médailles, c’est que vous avez fait votre temps. »

Les récents ouvrages de Michel Lis : Mes saisons en Saintonge (Editions Bonne Anse). Le moustaches vertes, agenda perpétuel du jardin (Geste Editions). Le carnet de bord du jardinier (Geste Editions).


IMG_1129

Sentez-moi cette bonne odeur de citron… (© J.-Ph. B.)



 

Publicité
Commentaires
Bons baisers d'ici, de là et d'ailleurs
  • Back to France. Belle expérience de vie en Angleterre où l'herbe est effectivement plus verte, mais pas pour les raisons que je pensais. La vie “normale“ reprend ses droits. Coups de cœur, coup de gueule, belles rencontres… les affaires reprennent.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Newsletter
Publicité